Auteur : Laurent LÉOPOLD-METZGER
Cristiano Ronaldo, Lionel Messi, en attaque ou en défense… la victoire est toujours pour eux
Il y a quelques mois, l’affaire Messi a agité le monde du droit des marques (17/09/2020, C-449/18 P-EUIPO / Messi Cuccitini), évidemment en raison de la notoriété intuitu personae du joueur de Barcelone, mais également pour l’intérêt juridique que le jugement revêtait. Pour rappel, la Cour de Justice avait écarté le risque de confusion entre les marques MESSI (fig) et MASSI, en raison des différences conceptuelles engendrées par la réputation de l’attaquant argentin, une fois n’est pas coutume en position de défendeur.
Dans un anonymat qui ne lui ressemble guère, loin du prestige de la Cour de Justice de l’Union européenne, c’est à la division d’opposition de l’EUIPO que Cristiano Ronaldo a confié le devoir d’évaluer le risque de confusion existant entre la marque antérieure éponyme de la star portugaise, et une demande de marque CRISTIANO, déposée pour des produits et services en classes 3, 9, 14, 18, 25 et 35 (OPPOSITION No B 3 101 827 du 22 avril 2021).
Après une étude des produits et services que l’on qualifierait de classique, la comparaison des signes s’est faite selon le prisme du public du Benelux, au motif que CRISTIANO sera vu comme un prénom original par les consommateurs de ces trois pays, à l’inverse du public espagnol par exemple.
Si le fait qu’il ait été conclu à une similarité moyenne sur les plans visuel et phonétique était attendu, l’étonnement fut en revanche grand de voir la division d’opposition considérer que les signes sont conceptuellement similaires car contenant le même prénom, sans qu’aucune référence soit faite à la star du ballon rond.
Après avoir rejeté la revendication de caractère distinctif accru de la marque antérieure, les preuves fournies étant uniquement liées à la réputation de CRISTIANO RONALDO (comme la photo d’illustration) et non à celle des produits et services vendus sous sa marque, la division d’opposition conclut alors à un risque de confusion entre les signes.
Le rejet de la marque CRISTIANO pose questions autant que problèmes, et donne le sentiment que la notoriété attachée au propriétaire d’une marque éponyme constitue à elle seule une garantie de succès, que cet argument soit utilisé en tant que défendeur ou demandeur à l’action.
A n’en pas douter, ce sujet sera au cœur des discussions entre les deux joueurs lors de leur prochaine rencontre…